Arrivée d'une nouvelle morte

Morte. Voilà comment elle était à présent! Morte. Comment? Poignardée au cœur, rien de plus. Morte… Ce mot lui revenait sans cesse en tête. Pourtant, les morts n’avaient pas de conscience… enfin, du moins, c’était toujours ce qu’elle avait crut. Pourtant, Elizabeth avait toujours toute sa tête et son corps. À croire qu’elle n’était pas morte! Malgré tout, elle ne savait pas où elle se trouvait. La jeune femme se trouvait face à des portes sombres qui ne lui disait rien qui vaille. Qu’était-ce? Jamais elle n’avait entendu parler de ce genre de chose! On lui avait parlé de l’Enfer et du Paradis, mais pas de portes sombres! La jeune femme au teint sombre était debout, devant les portes, depuis environ une bonne dizaine de minutes. Que faire? Entrer? Partir? La contourner? Tant pis! Entrer.

Poussant la porte, Elizabeth ne mit pas longtemps à entrer, tout en veillant à garder la porte ouverte… on ne savait jamais… Ses yeux verts scrutaient l’endroit, les sens aux aguets. Bien qu’elle ne soit vêtue que de sa jupe –trop?- courte et de sa camisole blanche, la jeune femme frissonna, non pas de froid, mais de peur. Ce lieu ne lui disait rien qui vaille…

« Eh oh! Y a quelqu’un?! » cria-t-elle, alors que l’écho de sa voix se répercuta un long moment.

Même le bruit de ses pas résonnait tout autour d’elle… Un peu comme dans un film d’horreur… il ne manquait seulement que la porte qui fermait seule!

« Je suis folle, ça y est… je parle seule et voilà que j’ai l’impression d’être dans un film d’horreur… Pfff, quelle débilité! Je suis morte, bon sang, que pourrait-il m’arriver de pire?! Je ne peux tout de même pas tomber face à face avec un Démon ou un Ange, ces trucs-là, c’est bon pour faire des peurs aux enfants, rien de plus! Comme si un ‘Démon’ pouvait exister et venir me voir, pffff! C’est idiot ce truc d’Enfer et de Paradis… »

Elizabeth se parlait à elle-même, même si elle savait très bien qu’elle était seule. Enfin du moins, c’était ce qu’elle croyait. La pièce était plongée dans le noir et elle voyait à peine où elle marchait… la salle aurait pu être bondée sans même qu’elle ne le sache! Un bruit fit sursauter la jeune femme.

« Mais qu’est-ce que…?! Il y a quelqu’un?! »

Alors que la jeune femme entrait dans la 'pièce' sombre, la porte derrière elle se ferma, doucement, sans un grincement ni un souffle.

Malgré l'étrangeté de la scène, celle-ci ne devait pas faire si peur que ce à quoi on s'attendait... La porte s'était fermée.
Tout simplement.
Cela signifiait juste qu'Elizabeth venait de rompre définitivement avec son passé. Pour toujours... Mais une nouvelle vie l'attendait. Que ce soit en pire ou en mieux, de toute façon, elle n'avait pas vraiment le choix...

L'endroit se révéla soudain au regard de la morte. Étrange... car absolument indéfinissable... était-ce le Paradis? l'Enfer? Son propre monde qu'elle avait retrouvé?? Les limites n'étaient pas distinctes, et on n'aurait su dire si la lumière qui baignait l'endroit était claire ou sombre... On voyait, c'était tout. Mais pour voir quoi? Rien. On savait qu'on n'était pas seul. Mais on ne pouvait que le savoir, car la vue pouvait se perdre à des milliers de kilomètres à la ronde, jamais elle ne croiserait un autre regard...

Sauf que… Tori était là et bien visible.

La jeune démone avait décidé de sortir un instant, d'aller voir l'au-delà… Elle aurait bien été au Paradis si elle l'avait pu, mais malheureusement pour elle, son entrée lui était interdite pour un moment… Interdit personnel pourtant ; elle se refusait en fait à aller là-bas car elle ne voulait pas risquer qu'on la reconnaisse ou qu'elle ne se retrouve nez-à-nez avec sa sœur. Parfaitement compréhensible de son point de vue.

C'est ainsi qu'elle s'était retrouvée dans ce… 'rêve'… Elle ne pouvait encore rien distinguer, car de toute évidence, celui ou celle qui était à l'origine de ce 'monde' venait tout juste de mourir. Et cela l'amusait de voir ce qu'il allait devenir… Il n'y a rien de plus personnel que la mort d'un individu, et l'image qu'il s'en fait révèle bien souvent beaucoup de son être profond. Et Tori avait hâte de savoir si elle avait trouvé là une nouvelle recrue ou un nouvel esclave…

S'approchant discrètement mais sans pour autant vouloir se cacher d'Elizabeth, elle lui sourit le plus innocemment qu'elle put. Elles ne se trouvaient qu'à quelques pas l'une de l'autre. Tentant de fixer ses yeux dans ceux de la morte, Tori fit d'une voix douce :

"N'ais pas peur… Je suis là pour t'aider. Libère-toi, pense, rien ne t'arrivera… !"

Elle sourit encore, épiant discrètement la moindre des réactions de la jeune femme. Sa peau foncée et ses vêtements courts et blancs sautaient directement au regard, tranchant l'un sur l'autre.
Tori fut intriguée de ce mélange particulier, assez inhabituel pour elle. La démone n'aimait que les couleurs foncées. Mais elle ne s'arrêta pas aux goûts d'Elizabeth, ni aux siens. Elle continua à l'observer et à la détailler. Elle nota ainsi également que ses yeux, d'une jolie couleur verte, étaient vaguement impressionants.

Après l'avoir observée un instant, Tori fit attention à sa réponse.

[color=darkred]Elizabeth sursauta. La porte venait de se refermée… Un piège? C’était presque insensé! Qui aurait voulu piéger une jeune femme comme elle? Une jeune femme morte? Puis, la pièce sembla devenir… mi-claire et mi-sombre. On pouvait voir parfaitement où l’on marchant, où l’on allait, mais on aurait voulu voir mieux que cela… une sorte de pénombre qui s’étendait partout… Mais où pouvait-elle bien se trouvée? La pièce semblait changer peu à peu… Sans se douter que ce ‘monde’ provenait de son subconscient, la jeune femme ne pouvait s’empêcher de regarder les transformations du lieu. La seule chose –ou personne, devrais-je dire- qui était bien visible et bien réelle, c’était Tori… Autrement, tout semblait lentement se former…

Peu à peu, on arrivait à distinguer enfin ce qu’Elizabeth avait ‘créée’. On aurait dit une sorte de ville, séparée en deux sections. La section de gauche était bien éclairée, joyeuse, chaleureuse, alors que la section de droit en représentait tout le contraire… sombre, triste et loin d’être chaleureuse… pourtant, il semblait y avoir un certain équilibre dans les ‘deux’ villes : les gens. Des deux côtés, ils semblaient heureux et joyeux.

Tori s’approchait… Qui était-elle? Que lui voulait-elle? Elizabeth était morte, ne pouvait-on pas la laisser un moment en paix?! Le peu de distance qui séparait les deux femmes semblaient quelque peu la troublée. Cette femme lui faisait peur… assez peur pour la faire reculer d’un pas. Depuis sa mort, la jeune femme au teint sombre semblait un peu plus craintive des gens, comme si elle craignait qu’on puisse à nouveau lui faire du mal pour la tuer.

Malgré tout, la voix douce que prenait Tori semblait la rassurer quelque peu. Sa personnalité ‘gentille’ sembla reprendre le dessus sur la ‘mauvaise’. Jetant un regard curieux à la femme, Elizabeth l’observa un moment. La pauvre semblait à présent toute craintive, mais trop curieuse pour se sauver.

« Non… j’ai peur… Je… je me souviens d’avoir été tué d’un coup de couteau au cœur, et voilà que je me retrouve dans un endroit que je n’ai jamais vu et en compagnie d’une parfaite inconnue! Comment voulez-vous que je n’ai pas peur?! Suis-je réellement morte? Je n’ai pourtant pas l’impression de l’être… Et où suis-je? Et qui êtes-vous? Qu’est-ce que je fais ici? On m’avait parlé de l’Enfer et du Paradis après la mort, mais je n’y avais jamais crut… et voilà que je me retrouve loin de savoir où je suis. C’est quoi ici? Une salle d’attente pour entrer au Paradis ou en Enfer?! Et qu’est-ce que je deviens maintenant que je suis morte? »

Bien qu’elle posait un tas de question, Elizabeth tremblait. Ses jambes la faisaient terriblement trembler… Avait-elle peur de Tori? Oui. Avait-elle peur de ses futurs réponses à ses questions? Oui. Non… cette situation ne lui convenait pas du tout… jamais Elizabeth n’avait eu aussi peur! Même pas en voyant le couteau s’enfoncer rapidement dans sa chair… Elle n’avait tout simplement pas eu le temps d’y songer…

« S’il vous plait, ne me laissez pas ici… Je… je ne veux pas me retrouvée à nouveau seule… je… j’ai trop peur de cet endroit… Tout m’est si étranger… »

[color:26c8=darkorchid:26c8]

Sa voix était presque suppliante. Elizabeth ne voulait pas rester ici… qu’importerait ce qu’il lui arriverait ou ce qu’on lui réservait, elle ne voulait pas rester ici!

Soudain, une autre voix brisa le silence...une voix aussi douce que la première, sauf qu'il y avait ce léger accent sensuel en plus. Celle-ci était semblable à une mélodie que l'on murmurait, une petite comptine enfantine des cours de récréation. Elle emplissait peu à peu l'endroit où se trouvait les deux protagnistes, se déplaçant de gauche à droite comme une brise passant et repassant dans le même endroit. Néanmoins, personne ne pouvait apercevoir qui exactement, la chantait :

"...main dans la main, tricotons le pull pour Prométhée, non non il n'aura plus froid ! Souffle d'Hiver entre tes lèvres, Il cueillera ton miel de sa langue fourchue la la la la..."

Devant les deux personnes, surgit de nulle part une jeune femme : élancée, de taille moyenne, au visage enfantin mais gracieux; elle portait une simple tunique ocre qui mettait en valeur ses jambes galbées et sa gracieuse poitrine. Pieds nus, elle s'avança alors d'un seul pas, tout en ayant ce joli sourire sur ses lèvres gourmandes. Oui, gourmandes...cela pouvait également définir cet air malicieux qu'elle arborait, tel le sourire d'un ange prêt à ravaler toute la tristesse du monde en son sein. Mais c'était son air habituel qu'elle affichait...

" Et bien chère "soeur", tu as trouvé un bien joli morc...une bien jolie âme aujourd'hui... Rolling Eyes

" dit-elle en direction de Dolores, sans pour autant relâcher son regard aiguisé sur la nouvelle "recrue". A vrai dire, elle la scrutait de haut en bas, puis de bas en haut. Ravissante était le terme...y aurait-t-il un homonyme masculin aussi alléchant que ça dans les parages ? Apparemment, elle était la seule nouvelle. Dommage que cette démone l'ait accueilli avant elle, car d'habitude Célestine flairait du premier coup l'odeur caractéristiques des petites nouvelles. Vraiment dommage...elle l'aurait vraiment bien accueilli, mais d'une manière un peu différente et...

"Comment t'appelles-tu ? Cool

" dit-elle ensuite à l'adresse de la jeune femme au teint bronzée, qui semblait plus perdue qu'autre chose. Quoi de plus normal, c'était une réaction prévisible de tous les nouveaux arrivants : peur, frayeur, solitude ou colère...Puis elle s'approcha d'elle, glissa avec élégance un bras sur son épaule familièrement (un peu à la manière de deux amies de très longue date), tandis qu'elle jouait avec une de ses propres mèches, observant le visage de Dolores afind e prévenir sa réaction future. Lui demander son prénom était juste une manière de s'informer, bien qu'elle attendra un autre moment pour faire plus ample connaissance avec Elizabeth, à cause de son emploi du temps fort chargé ces temps-ci. D'ailleurs, elle n'attendrait même pas la réponse de cette dernière sur son prénom...

"N'aie crainte...je suis sûr qu' "elle" saura bien s'occuper de toi. Et je suis même certaine que tu te plairas dans cet nouvel endroit, où tous tes souhaits se réaliseront. Choses que tu ne pourrais sûrement pas faire avant. Enfin...c'était juste une manière de te souhaiter la bienvenue parmi nous, Dear Razz

" murmura-t-elle doucement, le bout de ses doigts frôlant négligemment l'épaule d'Elizabeth. Puis elle s'écarta d'elle en lâchant un petit rire mélodieux, pour disparaître aussi brièvement qu'elle était venue. Il était certain que ce ne sera pas sa dernière étrange apparition au devant de ces nouvelles recrues ! Un peu provocante, certes...mais il fallait bien s'amuser un peu !